Les Larmes amères de Petra von Kant

Petra von Kant est une créatrice de mode accomplie, sûre d’elle et méprisante, dont le monde tourne autour du contrôle et de l’apparence. Elle règne sur son appartement-meuble atelier comme sur un royaume intime, traitant Marlene — secrétaire, bonne et collaboratrice silencieuse — avec mépris et condescendance. Le huis clos de ses pièces, peuplé de mannequins et d’étoffes, devient le décor d’un théâtre où s’exacerbent les rapports de pouvoir.

L’arrivée de Karin, une jeune beauté de vingt-trois ans qui rêve de devenir mannequin, déclenche un bouleversement émotionnel chez Petra. Séduite et obsédée, Petra l’invite à emménager, confondant amour, domination et possession ; la relation se transforme vite en une lutte inégale où l’adoration se mêle à la manipulation. Marlene, figure silencieuse et dévouée, observe et supporte, prise entre loyauté et dégoût.

Le film explore avec cruauté et élégance les thèmes de la jalousie, de la dépendance affective et de la violence émotionnelle. La mise en scène, à la fois stylisée et étouffante, souligne l’aliénation des personnages et la vacuité des désirs consommés comme des vêtements de luxe. Chef-d’œuvre intime et impitoyable, cette œuvre de 1972 brosse le portrait d’un amour qui broie autant qu’il fascine.